La Saga Des Chalenge De Normandie : Livre 11
(René Guillemier)
Quelles sont les origines des « Chalenge » de Sées, de la Liègue, et du Mesnil Anceaulme ? Tenter de répondre à cette question, telle est la gageure de ce Onzième Livre. Mais avant de me lancer dans la résolution de ce problème ardu, j?en rappellerai les données de base. Louis Hector Chalange, mon grand-père maternel né à Paris, est l?un des descendants de Robert Chalange, meunier du Moulin de la Fosse à Ver-les-Chartres vers 1665, qui avait migré de Soulaires où son père Robert Chalange était vigneron. Cette lignée a pour souche Jehan Challenge, laboureur à Gastelles, qui avait loué en 1490 la métairie de Boissay sise à Jouy. Et Jehan Challenge, selon toute vraisemblance, avait migré de Sées où vivaient plusieurs personnes portant ce patronyme dans les années 1460-1470. S?agissant des « Chalenge (ou Calenge) de la Liègue », leur souche est Jehan Chalenge, vicomte de Quatremare en 1380, et bailli de Louviers en 1386. Il avait acquis, après son anoblissement en 1404, le fief noble de Monterrat que ses descendants, écuyers par primogéniture, vendirent pour acquérir la seigneurie de la Liègue. Selon toute vraisemblance encore, il est le fils de Guillaume Chalenge, citoyen de Sées en 1368. Quant aux « Chalenge du Mesnil Anceaulme », ils sont issus de Guillaume Chalenge (ou de Chalonge), premier du nom, bailli de Louviers en 1409, et probablement originaire de Montferrand en Auvergne. Il fut anobli dans les années 1419 et rendit aveu pour le fief noble de Bérengéville-la-Champagne. Son fils, Jehan Chalenge, écuyer, avait été aussi seigneur du Hamel d?Acquigny, mais c?est Jacques Chalenge, un de ses petits-fils, président en l?Echiquier de Rouen, qui devint seigneur du Mesnil Anceaulme. Une autre donnée concerne les armoiries de ces familles. Si nous n?avons aucun renseignement sur celles des Chalenge de Sées au XVème Siècle, nous savons que la lignée des « Chalenge de la Liègue » portait d?azur à une croix d?argent cantonnée de 4 hures de sangliers d?or, quoique Jehan Chalenge, premier du nom, ait eu un sceau figurant une femme tenant en ses mains un écu à 3 soleils. Quant aux armes de la lignée des « Chalenge du Mesnil Anseaume », elles représentaient 3 soleils d?or en champ de gueules. On peut donc affirmer, à ce stade de notre analyse, que les « Chalenge » demeurant à Sées au cours du XVème Siècle sont des descendants de la parentèle de Guillaume Chalenge, citoyen de Sées en 1368, comme le sont aussi les membres de la lignée des « Chalenge de la Liègue ». Tous sont probablement issus de bourgeois, drapiers sagiens, voire d?une ancienne famille noble. Mais qui était ce Guillaume Chalenge ? De Guillaume Chalenge, citoyen de Sées en 1368 Vers 1450, à la fin de la Guerre de Cent-Ans, Jean Pérouse, évêque de Sées, écrivait : « ? Leglise de Sees ayant este ruinee par le desastre des guerres qui par un malheur quon ne sauroit assez deplorer ont dure dans le royaume de France et surtout dans le duche de Normandie et autres lieux circonvoisins pendant plus de quarante ans et a cause du sejour de la demeure quon fait jour et nuit dans cette eglise pendant les ravages occasionnes par les guerres les citoyens et bourgeois de Sees et autres habitants de la patrie? ». Et dans son Histoire des Sagiens, monsieur Forget indique que les habitants de Sées ont souvent quitté la ville pour se cacher dans les bois environnants et échapper aux incursions anglaises durant la Guerre de Cent-Ans. Quels habitants se cachaient dans les bois, alors que d?autres, citoyens de Sées et bourgeois, se réfugiaient dans la cathédrale de Sées ? En 1356, après la défaite de Jean-le-Bon près de Poitiers, Sées fut prise à nouveau par les Anglais et réduite en cendres. Jean Bouillet, bailli d?Alençon, en fit raser ensuite les faubourgs afin qu?ils ne tombent pas aux mains des ennemis. Il agissait pour le comte d?Alençon, vassal du roi de France prisonnier des Anglais. Il existait donc, au bourg-le-Comte, un groupe de Sagiens (une prévôté) chargés de la gestion du bourg, sous la tutelle du bailli d?Alençon, car en vieux français du XIVème Siècle, un « citoyen » était, selon Godrefroy, un homme du siècle soumis au droit citoyen, par opposition aux clercs soumis au droit canon : « A tout droit de canon et de citeien » (1289, Saint-Sauveur, Archives de la Seine-Maritime). Ces personnes ont donc pu être appelées « citoyens » par opposition, d?une part aux sénéchal et officiers du temporel de l?évêque de Sées, gestionnaires du bourg-l?Evêque en son nom, et d?autre part aux religieux de Saint-Martin, administrateurs du bourg-l?Abbé au nom de l?Abbé. Car la ville était formée, depuis le Haut Moyen-Age, de trois bourgs séparés par l?Orne et le ruisseau de la Lavanderie : le bourg-l?Evêque, ancienne cité romaine avec le fort Saint-Gervais construit après 1356, le bourg-le-Comte, ancienne cité saxonne avec le fort Saint-Pierre édifié par Guillaume de Ponthieu, fils de Robert de Bellême, et le bourg-l?Abbé avec le fort Saint-Martin autour de l?abbaye du même nom. Il est très probable que ces trois forts furent détruits en 1431, lors des raids anglais en Normandie.
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