La Saga Des Chalenge De Normandie : Livre 10
(René Guillemier)
Dans le livre précédent, nous avons longuement décrit la lignée des « Calenge de la Liègue », issue, rappelons-le, de Jehan Chalenge (ou Calenge), vicomte de Quatremares et bailly de Louviers en 1386. Nous avons montré que ce Jehan était originaire de Sées, où Guillaume Chalenge, un de ses proches parents, fut citoyen en 1368. Jehan Chalenge eut un fils, Guillaume Chalenge, dit Guillot Chalenge le Jeune. Or dans les premières années du XVème Siècle, un autre Guillaume Chalenge vivait aussi à Louviers. On l?appelait Guillaume Chalenge l?Aîné, pour le distinguer de son « alter ego ». Qui fut ce personnage ? C?est ce que nous allons tenter de découvrir dans ce Dixième Livre. On peu déjà affirmer qu?il fut la souche de la lignée des « Chalenge du Mesnil Anceau(l)me ». D?où provenait-il ? Il est encore impossible de le savoir, et ce n?est que dans le livre suivant que nous pourrons émettre une hypothèse réaliste. Mais pour bien comprendre les actions de Guillaume Chalenge l?Aîné et de ses descendants, il nous faut nous replonger encore une fois dans la Guerre de Cent Ans, et simultanément dans l?histoire de la ville de Louviers. Pour être précis et crédible, je reprendrai « in extenso » les récits de deux historiens de cette région. Puis, avant de décrire la lignée des « Chalenge du Mesnil Anceaume », nous admirerons la belle chapelle de Chalenge, fondée par Guillaume Chalenge l?Aîné en l?église Notre Dame de Louviers. Histoire de Louviers : reproduction de l? « Histoire de Louviers évoquée par les choses », de Louis Béquet, président de la société d?études diverses de Louviers et de sa région ; 1978, et extraits tirés du « Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l?Eure » de monsieur Charpillon, ancien juge de paix ; 1879 En 911, par le traité de Saint Clair sur Epte, fut constitué le duché de Normandie. A Rollon, encore à demi païen, succédèrent des ducs qui recherchèrent, principalement par des dons, des fondations ou des restaurations monastiques, la confiance et l?appui de l?Eglise. Dans la seconde moitié du Xème Siècle, le duc Richard 1er fonde à Evreux l?abbaye de Saint Taurin. C?est à propos d?un don fait aux religieux de cette abbaye que le nom de Louviers apparaîtra pour la première fois dans un acte officiel. Vers 965, en effet, Richard cède aux moines de Saint Taurin divers biens, parmi lesquels « les églises de Louviers et de Pinterville, les pêcheries des moulins de Louviers et quarante sols de rente sur ces moulins ». En 1184, les moulins lovériens du roy, qui ont brûlé, sont reconstruits. En 1195, la donation de Richard 1er, qui avait été ratifiée en 1026 par son fils, Richard II, est confirmée dans une charte donnée au Vaudreuil par Richard C?ur de Lion. C?est l?époque où Philippe Auguste est entré en lutte contre le roy d?Angleterre pour lui reprendre des domaines français. En 1196, les deux princes signent « la Trêve de Louviers ». Louviers demeure possession anglaise, quoiqu?une fois déjà, au moins, la ville ait changé de mains. Le roy d?Angleterre sait que la guerre ne tardera pas à recommencer. Il veut fortifier sa frontière normande, et il a notamment besoin de la forte position d?Andeli, clef de la vallée de la Seine. Il y a entrepris la construction d?un château fort. Mais la trêve fait d?Andeli, possession de l?archevêque de Rouen, une sorte de terrain neutre qui ne doit pas être fortifié. Au mépris du traité, Richard pousse ses travaux ; le nouveau « château de la Roche », qu?on appellera bientôt Château Gaillard, s?élève rapidement. L?archevêque Gaultier de Coutances, outré, met la Normandie en interdit et part pour Rome, pendant que, de son côté, Richard envoie d?urgence deux ambassadeurs au pape. Cedernier conseille aux deux parties la modération, et prépare un arrangement, une transaction. Pour obtenir Andeli en toute propriété, le roy d?Angleterre se montre généreux. Il cède à l?archevêque d?importants territoires, parmi lesquels les « manoirs », c?est-à-dire en fait, les villes de Dieppe et de Louviers. Tel fut l?échange d?Andeli, signé en 1197, une des dates les plus marquantes de l?histoire de notre cité. Car désormais (et jusqu?à la Révolution) les archevêques de Rouen seront comtes de Louviers (l?un de ces archevêques comtes sera élu pape, en 1342 sous le nom de Clément VI). Sous cette tutelle ecclésiastique, jalouse, certes, de ses droits et de ses prérogatives, mais tout de même moins brutale que la tutelle purement féodale, la ville va connaître, pendant un Siècle et demi, un rapide développement et une grande prospérité. C?est certainement à cette époque que l?industrie drapière, dont il est impossible de situer exactement les débuts, y a pris une très importante extension. D?autres, à côté d?elle, celles des toiles et des cuirs surtout, étaient également florissantes. Il en résultait un commerce très actif. Divers monuments, bientôt, vont témoigner de la richesse nouvelle. Un manoir épiscopal a été bâti sur le Châtel. Parmi les maisons de bois, de torchis et de chaume seront édifiés quelques solides habitations « à chaux et à mortier », des constructions de pierre, demeures des maîtres drapiers et des marchands riches. L?industrie disposera de halles neuves, vastes et belles. Et au cours des premières années du XIIIème Siècle a commencé à s?élever, dans le beau style du gothique à ses débuts, l?église Notre Dame.
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