La Saga Des Chalenge De Normandie : Livre 4
(René Guillemier)
Après avoir expliqué les origines du patronyme Chalange, dont une des souches fut Guarinus de Calumniis, après avoir ensuite présenté quelques traits caractéristiques de la personnalité de Louis Hector Chalange, mon aïeul maternel, j?ai pu montrer, dans le livre précédent, que les Chalange ayant vécu à Paris au cours du XIXe siècle étaient originaires des environs de Saint-Sauveur-de-Carrouges et de la haute vallée de l?Eure. Dans ce Quatrième Livre, la longue Saga des Chalange de Normandie va donc nous transporter dans cette vallée, à Ver-les-Chartres très précisément, au c?ur d?une région qui fut autrefois recouverte par une épaisse forêt celtique, « le c?ur des Gaules », comme me l?avait dit un ancien maire de Ver. Car c?est à Houdouenne, un des hameaux de la dite commune, que naquit Marie Joséphine Florentine, ma bisaïeule maternelle, laquelle fut baptisée en cette paroisse dont l?église est d?un pur style normand, vu que la voûte de sa nef ressemble à la coque renversée d?un langskip scandinave. On peut voir, aux extrémités des poutres qui maintiennent la voûte, quelques gargouilles en métal blanc. Elles ressemblent étrangement aux têtes de dragons que les coureurs des mers élevaient à la proue et à la poupe de leurs esquifs. En fait, cet assemblage de charpentes date de la fin du XVIème siècle, m?a-t-on dit. Quelques pierres tombales subsistent encore dans le ch?ur, car on y enterrait les paroissiens. Quand la place vint à manquer, on mit en terre les défunts dans un petit cimetière qui jouxte l?église. Il existe toujours, mais je n?y ai trouvé aucune inscription funéraire prouvant que les ancêtres de Marie Joséphine Florentine avaient vécu ici, sous la protection de leur patron, Saint Victur (ou Victor). Ce bienheureux avait-il assuré la sauvegarde de Louis Hector Chalange, mon grand-père maternel ? C?est envisageable, car Marie Joséphine Florentine avait peut-être placé Louis Hector chez une nourrice à Ver, jusqu?à ce qu?il ait atteint l?âge de 2 ans? La vie joyeuse et vagabonde de mon grand-père s?interrompit au Creusot, en 1961. Il y avait sa sépulture au cimetière Saint-Laurent-Saint-Henry. Or, à l?époque de mes recherches chartraines, sa tombe avait disparu depuis de nombreuses années. N?y avait-il alors plus aucune trace funéraire des Challange originaires de Ver ? Je me suis donc rendu au cimetière de Morancez, puisque Auguste Emile Challange, domicilié autrefois à Paris, en la rue du mont Thabor, avait eu des ascendants dans cette paroisse. J?ai eu la joie d?y découvrir 2 sépulcres d?antan. Ici reposent en effet un vieil homme, Aimable Challange, né en 1808 et décédé en 1890, et une jeune femme, Berthe Lucie Challange, morte en 1870, à l?âge de 20 ans. Nous sommes ici au c?ur du pays carnute, où subsistent encore de nombreux mégalithes comme celui de Pierre-Pesant, un des hameaux de Ver. On y pratiquait un culte dédié à une divinité solaire, « Bellisama », la très brillante, qui a donné le nom de la ville de Bellême, non loin de là, dans le Perche. Les paysages de cette vallée de l?Eure sont charmants. La vallée, qui commence au petit Tachainville, est arrosée par différents bras de rivières que viennent alimenter une kyrielle de fontaines. L?Eure, le principal cours d?eau, a déjà 56 kilomètres en ligne droite quand elle pénètre sur la commune de Ver, à Tachainville, où elle se divise en 2 bras. Le principal va gagner Loché et coule dans la propriété du château après avoir fait tourner les moulins de la Fosse et de Loché. Un ruisseau traverse la propriété du seigneur de Ver et arrose le pré aux B?ufs avant de se jeter dans la rivière de l?Echevet. Là aussi arrive le confluent de la rivière principale, qui, après avoir baigné les prés Lancé et Rondeau, grossit le Boisseau. Ce dernier est un faible cours d?eau dérivé par les religieuses de l?Eau pour traverser leurs propriétés. Il passe à Gouabille et coule dans le parc de Moineaux. L?Eure reçoit sur sa rive de nombreuses sources qui jaillissent entre Houdouenne et Ver. Au dire des savants, cette vallée aurait été le centre religieux où se retrouvaient les Carnutes. César a écrit, en effet, qu?aux environs d?Autrike, les Gaulois se réunissaient dans un lieu déterminé. Or beaucoup d?érudits fixent cet endroit dans la banlieue sud de Chartres, dans la vallée de Ver. Quoique nombreux, tous les assistants pouvaient facilement contenir dans le vaste amphithéâtre de son cirque, avec ses versants ou gradins doucement inclinés vers la vallée. Les savants s?accordent à dire que sous les dolmens étaient enterrés les chefs de l?indépendance celtique. Les étymologies celtiques de Ver, Morancez, Corancez, prouveraient aussi que cette vallée de l?Eure fut jadis le théâtre de funestes guerres. Enfin les différents champtiers ont conservé quelques vestiges de ce « mediolanum », de ces réunions antiques. Moineaux se nommait autrefois « Mediolanum ». A côté d?Autrike, la ville du milieu des pierres, nous avons Montoury (mons autrikum), Villemain (villa media, la ville du milieu), le Buttereau (la butte correspondante à Montoury), Vauparfonds et Vauferrey, les vallées profondes par lesquelles la cavalerie se disséminait pour gagner l?oppidum d?Orléans par le chemin que l?on a appelé depuis le chemin de Villars et le chemin de César. Telles sont les quelques données fixant, dans cette vallée, le lieu de la réunion des Gaulois, où ils établissaient une espèce de camp volant pour leurs assises religieuses et judiciaires (Tacite, M?urs des Germains).
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