La Saga Des Chalenge De Normandie : Livre 1
(René Guillemier)
Quelle est l?origine du patronyme « Chalange » ? Tel est l?objet de ce Premier Livre. le nom « chalenge » est attesté dès le XIIème Siècle et signifie contestation, procès ou poursuite judiciaire, dispute ou défi, invective ou calomnie. Il faut signaler que le mot « calomnie » fait partie des mots savants qui ont été directement calqués sur le latin. « Calomnie », du latin « calumnia », a le même sens que « chalenge » en vieux français, dont l?écriture existe sous plusieurs formes « chalonge », « chalenge », « chalange », « chalainge », « chalinge », « cal? », « chall? » et « call? ».
Ce vieux mot, sous la forme « chalenge », se retrouve en Angleterre où les Normands l?ont importé probablement au XIème Siècle :
- « ?N?ert honnes qui calenge i mece? » (Le roi Guillaume d?Angleterre),
- « ? Eisi s?en est del tot demis Senz chalenge que mais l?en face? » (Chronique de Normandie),
- « ? Et le l?um le chalange et il n?en ait testimonie? » (Lois de Guillaume),
- « ? Le dit procureur requist et callengea que ou cas où icelui Fevre ne bailleroit son dit plesge? » (Acte de 1453, Cartulaire de Lisieux).
D?où le verbe « chalenger » ou « calenger », qui signifie contester, attaquer, défendre et défier (en anglais « to challenge »). Cette forme francisée est d?ailleurs utilisée dans la langue française et a pour signification une épreuve sportive dans laquelle le vainqueur détient un prix, un titre, jusqu?à ce qu?un vainqueur nouveau l?en dépossède.
Calenger est encore usité aujourd?hui en patois normand de Jersey et de Guernesey, dans le sens de défier, provoquer :
- « ? J?vos callenge à jugi La vie qu?est à la mode anien Parmi les garçons qu?ont du bein? » (Jersey),
- « ? J?te calenge?rai, babouin d?la ville? » (Dictionnaire franco-normand).
De même « calenge » se dit pour défi en patois guernésien.Origine onomastique du nom « chalange » et de ses dérivés (Atelier d?Onomastique des Archives Nationales)
Le mot « chalange » provient du roman « calonja », lui-même tirant son origine du latin « calumnia », nom issu du verbe d?ancien latin « caluor-eris et caluo » qui signifie chicaner, tromper. Les textes littéraires ne connaissent que le déponent (verbe de forme passive et de sens actif). Ce verbe, rare et archaïque, est employé dans la langue du droit. « Caluor » a dû avoir un participe « calumnus » d?où dérive « calumnia-ae », mot conservé dans la langue du droit. De là « calumniosus », « calumnior-aris » et les nombreux dérivés ! Rappelons donc que « calumnia-ae » signifie « chicane » en justice et « accusation calomnieuse ». Comment ce nom commun a-t-il pu se transformer pour donner le nom « chalange » ? Le « c » initial, placé devant le « a » latin, a pris en français le son de la fricative prépalatale sourde « s » (ch). Cette transformation, qui est un des traits les plus caractéristiques de la phonétique française, s?explique par une influence palatale analogue à celle qu?à suivi le « c » placé devant le « e ». Mais elle a dû commencer bien plus tard, vers le milieu du VIIème Siècle, à ce qu?il semble, et ne s?est propagée ni dans les régions que baigne la Manche, ni dans le Midi de l?ancienne Gaule, au dessous d?une ligne qui, en partant de l?Ouest, longe la Dordogne, passe par Murat, Saint-Flour, Mende, Largentière, Pont-Saint-Esprit et contourne le Mont Ventoux pour aboutir à Digne.
Dans la région centrale, le « k » (c) a commencé par être palatisé devant un « a » et l?on a eu « ka », puis l?occlusive a déplacé en avant son point d?articulation, d?où « ta », mais ici le résultat final a été « tsa ». Le changement était accompli avant la fin du VIIIème Siècle. En ancien français, le son noté « ch » se prononçait « ts ». On disait donc « tsar », conformément à la prononciation anglaise actuelle de certains mots comme « channel », « chief », etc., importés lors de la conquête normande. Au cours du XIIIème Siècle, « ts » par chute de l?élément dental s?est réduit à « s », son conservé depuis dans « cerf », etc? Dans certains dialogues du Nord, en Picardie et dans une grande partie de la Normandie, au dessus d?une ligne qui part à l?Est de Mons, passe par Valenciennes, Cambrai, Saint-Quentin, Noyon, Beauvais, Evreux, Lisieux et Coutances, enveloppant donc à peu près la région où l?on prononce « ts », le « c » ne s?étant pas altéré devant le « a », on continua à écrire et à prononcer « car », etc? Très caractéristiques sont pour cette zone les noms de villes tels Cambrai, Caen, etc.
Par le fait même que c?était une langue vivante et une langue vivante parlée dans un territoire assez vaste, le latin apporté en Gaule par la conquête romaine a donc porté en lui les germes d?une évolution et d?une différenciation qui ne demandèrent qu?à s?accentuer. Tant que l?empire a maintenu sa puissance, c?est-à-dire pendant les deux premiers siècles de notre ère, évolution et différenciation ont été plus ou moins contenues par l?enseignement officiel et l?administration romaine.
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