La Création Des Identités Nationales
(Anne-Marie Thiesse)
Anne-Marie Thiesse est historienne et directrice de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique depuis 1991. Sa recherche se spécialise dans les thèmes de la nation, des régionalismes, et de la culture populaire (notamment littéraire). Ces spécialités, qu?elle fait interagir, tournent toutes autour de la question de l?identité. Plus récemment elle s?est aussi intéressé à l?identité européenne, ou plutôt l?absence de celle-ci. La création des identités nationales, paru en mars 1999 puis en octobre 2001 aux éditions Seuil, est son septième livre traitant de la culture nationale et du patriotisme au sens large. La thèse forte de l?oeuvre est claire: la Nation n?est pas une donnée innée, elle est socialement construite. L?idée de Nation au sens moderne (c?est-à-dire au sens politique) apparaît au 18ème et a fait son chemin dans les idéologies jusqu?à aujourd?hui. Sa thèse fait partie d?une école du «Nation-Building» qui s?est développée chez les historiens depuis les années 70. Cette école se divise selon les raisons de cette construction: pour des auteurs comme Ernst Gellner et Karl Deutsch, la construction dépend de la modernisation de l?ensemble des sociétés urbaines (urbanisation, moyens de communication). Pour d?autres comme Maurice Agulhon, le «Nation-Building» est une émanation de la violence légitime de l?Etat (rôle de l?école, l?armée, la fiscalité). Enfin, pour beaucoup d?historiens dont A-M. Thiesse la construction nationale dépend des conditions culturelles. Cette approche dite «culturaliste» est partagée par Eric Hobsbawm (The invention of tradition, 1982)et Benedict Anderson (Communautés Imaginaires) entre autres. Thiesse insiste sur un paradoxe: la formation des identités nationales est un phénomène international. Elle suit un plan chronologique et thématique englobant toute l?Europe, imbriquant éléments de création nationale et processus qui la permettent. Thiesse insiste sur l?idée d?un «check-list» de la Nation. Tous les pays européens ont suivi un même schéma de construction de la nation ( ce qu?elle appelle un «système IKEA»).Elle souligne à lafois les «ingrédients» de la recette nationale, et les processus de mis en commun, d?adhésion et de diffusion, sans lequelles la Nation n?aurait jamais pu se construire.
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