Resumo de De L'islamisme

Enfin un livre à la fois érudit, clair et plein d'humour sur un sujet qui ne s'y prête guère. Fouad Laroui sait de quoi il parle, et le cas est rare: lorsqu'on le lit, on retrouve tout à fait le Coran tel qu'on l'a lu (si c'est le cas) et non l'amalgame abscons et plus ou moins tendencieux que l'on voit souvent, entre le texte lui même et les différents "hadiths" ou commentaires (voire commentaires de commentaires) qui y ont été rajoutés. Si on suit le Coran, lui seul est valide et opératoire : les interprétations ou plus exactement autres "révélations" après coup de X., Y., ou Z. ne sauraient avoir force de loi. Donc prenons le texte lui-même et n'en dévions pas. C'est ce que fait Laroui, avec une rigueur quasi mathématique, comme sa formation le veut. Or que lit-on dans le texte? Des sourates contradictoires dont le livre dit lui même que certaines sont sans doute abrogées... le problème est de savoir lesquelles : sur ce point il ne nous éclaire pas. Selon Laroui, il n'est donc pas possible d'en faire un recueil pratique pour la vie quotidienne. Ce point me semble discutable car c'est bien ce qui en a été fait malgré tout, même si en effet le code juridique du Maroc par exemple n'a rien à voir avec le texte sacré pourtant cité en exergue. Une manière de dire mais pas d'appliquer, et de fait, comment appliquer des préceptes parfois opposés ? Le pardon par exemple est sans cesse préconisé ... ainsi que des appels à la guerre sainte, comme dans le bible, à parts égales. Contradiction? Oui. A nous de choisir. Quant au blasphème, qu'en dire ? Si on ne saurait se moquer de l'islam, observe Laroui, afin de ne pas blesser, soit. On ne parlera plus de l'islam du tout, ou avec d'infinies précautions. Mais il faut se garder également d'ironiser sur les christianismes ou sur le judaïsme, toujours susceptible. Soit. On ne parlera donc plus de la bible ou avec d'infinis égards, et surtout pas de la Torah, les juifs pourraient en prendre ombrage. Donc plus question de parler du Coran, de la Bible, de la Torah. Ca limite déjà, mais... Mais il faut également penser à la susceptibilité des africains animistes et à la foultitude de leurs dieux tous également vénérés ! Soit. On fera donc attention à n'en blesser aucun, y compris le Dieu éléphant... et tous les éléphants avec car ils sont un symbole. Et là, il y a un hic : le Coran justement parle de ces Dieux et en termes peu amènes. Donc plus de Coran. Plus de Bible, et pas davantage de Torah. Mais comment vont faire les théologiens ? Se taire. Et puis, ajoute Laroui, il est d'autres dieux tout aussi susceptibles : celui des communistes par exemple, Marx. Plus question donc même de sourire devant ce barbu là. Et puis, il y a celui des intello sixième, Freud. On ne se moquera donc plus de Freud, promis. Alors? Alors on ne pourra plus rien dire du tout : tout propos philosophique ou de comptoir pouvant blesser un fervent soit de Mohamed, soit de Jésus, soit d'Abraham, de Gamesh et de tous les dieux africains, deux mille, sans compter de vieux communistes ou freudiens convaincus... Parler de "blasphème" et l'interdire revient à dire à des enfants dans une cour de récréation qu'ils sont libres, totalement libres de courir, de s'amuser, partout, à leur gré... SAUF... sauf en certains endroits imprécis où se trouvent des mines prêtes à exploser dès qu'on met le pied dessus. A part ce détail, ils sont libres. Un livre rafraîchissant. A lire de toute urgence.

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