Resumo de Sakara, La Véritable Histoire De L'empire Du Sud

"Quand je mourrai, la déesse des océans m'emportera avec elle dans son grand berceau de vagues et les écumes se fonderont en moi, impatientes de me dévorer. Les soleils se cacheront derrière les collines de l'étendue verdoyante, leurs dernières lueurs écarlates farderont le ciel de couleurs pourpres et ocres, les nuages effrangés épouseront leurs mille nuances fauves. La kin vêtira ma dépouille de la tunique de soie or et grenat; puis m'abandonnera sur les eaux lisses de l'étang. La Cérémonie des Immortels commencera, tout l'Empire du Sud sera présent pour assister à mes funérailles. Vêtu de son plus beau vêtement brun, il contemplera mon corps gisant sur les eaux célèstes du lac sombre que le vent égayera et sur lequel le soleil vespéral projettera son chromatisme vermeil. Et alors, le vent se taira, ses bruissements légers dans les feuilles, rousses de soleil, cesseront, la kin entamera les premières prières, elle caressera ma peau pour purifier mon esprit de mes pêchés passés et je serai pardonnée. Elle soufflera sur mon cadavre pour que mon âme rejoigne les cieux. Et le vent chantera de nouveau... Autour de moi, les ondines superficielles se libéreront. Les rides frivoles deviendront de belles lames houleuses. Mon corps sera alors englouti par les flots du lac noir et profond dans lequel je serai plongée. Je ne serai plus mais mon âme sera encore auprès de la déesse que j'ai toujours vénérée: Argenta." Sakara entendait comme les battements de son coeur retentir dans son corps et leurs échos se diffuser dans le silence qui l'entourait. Elle ne fit rien. Elle resta assise sur la falaise, les pieds suspendus dans le vide, à observer le flux d'eau obscur qui se déversait dans celle de la mer du Néant, comme un flot de sang noir. Le crépuscule répandait sa couleur lilas à l'horizon comme sur une toile en aquarelle dont le glacis laisseraient transparaître les teintes. Les soleils se detournaient du paysage, laissant à la lune le soin d'éclairer les ténèbres de son éclat cristallin. Des ondes de frimas, grises comme la perle, s'installaient sur le maquis d'Aphrodia, leur prisme moiré décomposait les dernièrs rayons bleuâtres des soleils de Nazas et le spectre des couleurs se propageait jusque sur l'écran noir du ciel. Les dunes de sable doré glissaient sur les rivages, jouant avec le vent qui déridait les eaux aux reflets d'argent. Les vagues n'étaient pas encore levées mais le ciel, chargé de lourds nuages noirs, prédisaient la tempête et bientôt Sakara pourrait voir les lames s'écraser contre les écueils.

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