BUSCA

Links Patrocinados



Buscar por Título
   A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z


La Miséreuse
(François Gournier-Gendron)

Publicidade
De la manière la plus lasse que l?on puisse imaginer, la vieille femme traîna lamentablement son corps gâté par le temps. Sa démarche, pesante et maladroite, illustrait un chaos total entre ses muscles et ses os. N?ayant plus que des loques pour vêtement (possiblement l?épave d?une chasuble), ses membres rachitiques étaient raidis par le froid. De plus, aujourd?hui, il pleuvait. Le long de ses rides, l?eau se frayait habilement un chemin et capturait un peu de crasse au passage. La femme, ou du moins ce qu?il en restait, était veuve depuis bientôt trois décennies et, elle errait désormais sans but avec pour seul compagnon sa misère. Elle mendiait pour subsister aux besoins de sa carcasse, tendant pitoyablement une main rongée par la faim. Trop souvent, les gens ne montraient aucune clémence et elle était contrainte à brouter comme une vulgaire vache. À voir son regard, on eu dit qu?elle était continuellement occupée à regarder quelque chose de terrible. Elle ne parlait plus. Il y avait trop longtemps qu?elle l?avait fait. Sa voix n?était plus qu?une complainte rauque qui, à l?occasion, s?évadait de son souvenir de bouche. Ses oreilles n?entendaient plus le chant des oiseaux. Seules les injures, gratuites et virulentes, des passants dégoûtés par un spectacle aussi misérable excitaient ses tympans. Toutefois, en ce jour pluvieux, elle était animée par une quasi-joie, ou du moins, par autre chose que la colossale torpeur qui l?habitait depuis tant d?années. C?est qu?aujourd?hui serait la conclusion, le dernier chapitre de sa triste vie. La gueuse se rapprochait d?un fantastique précipice. Jonché par un océan de pierres dangereusement aiguisées, le fond se situait à trois cent mètres du bord. L?endroit était parfait. Elle avait bien calculé. Sans plus attendre, elle s?y jeta, exactement comme l?on jette un déchet. Durant sa chute, elle ressentit un certain soulagement. Elle quittait un monde qui décidément, ne lui convenait guère. C?est comme si en naissant, elle s?était trompée d?adresse. L?impact de sa charpente difforme sur les couteaux de roc fut brutal. La mort fut subite. La miséreuse, qui n?avait eu que des bûches, des trous et des pierres comme lit; qui n?avait eu que du foin, de la mousse et des rebus comme repas; qui n?avait eu que des grottes, des terriers et des niches comme logis; qui n?avait eu que sa misère, son désespoir et sa honte comme ami, n?était à présent qu?une bouillie d?os, de chair et de sang qu?aucun rapace n?osait goûter.



Resumos Relacionados


- Internet

- Le Destin

- Quelle Est La Plus Belle Femme?

- Miss Harriet

- Una Belle Femme



Passei.com.br | Biografias

FACEBOOK


PUBLICIDADE




encyclopedia