Resumo de Madame Bovary - Gustave Flaubert

Madame Bovary a souffert d?un long moment de gestation: cinq ans. Pour autant, ce roman reste dans l?histoire des lettres comme l?une des pièces les plus parfaites de la littérature française et comme le canon du roman réaliste. La malheureuse trajectoire amoureuse de Eugène Delamare sert de schéma narratif et de toile de fonds à l??uvre de l?auteur. Delamare, tout comme Charles Bovary, n?a atteint que le grade d?officier et après être devenu veuf d?une femme plus âgée que lui, il s?est remarié avec la jeune Alice Delphine Couturier. Jeunes mariés, ils s?installent à Ry où la jeune épouse ne résiste pas aux charmes du don juan du village, Louis Campion pour ensuite se donner à un passant qui finira notaire dans l?Oise. Delphine, comme Emma, meurt en 1848 en laissant de nombreuses dettes mais également une fille. Il a été question de suicide mais sans qu?il y ait confirmation. Eugène Delamare meurt l?année suivante. On peut ajouter que le couple a rencontré à Ry un pharmacien, Jovanne. Mais il ne faut pas réduire le roman de Flaubert à une histoire qui se raconte, ce serait trop simple. Flaubert, en se servant de l?histoire qu?il a mis cinq ans à écrire, montre que sa maestria dans le langage s?obtient à force de volonté et au prix d?un exercice quotidien inébranlable. Madame Bovary montre l?échec d?une vie et dénonce les illusions ridicules du romantisme primaire. C?est un roman de m?urs, qui se situe dans un village de province où la vie ne cesse de se liquéfier. C?est l?histoire d?une femme mal mariée, qui commet l?adultère, déçue dans un premier temps par son mariage et ensuite par son amant et qui finit par se suicider. C?est un jeu sur les passions déchaînées ourdi par l?auteur jusque dans ses moindres recoins. Chaque pensée, chaque geste d?Emma a comme objectif de l?entraîner vers sa fin inexorablement. C?est une tragédie: l?itinéraire d?un échec qui conduit à la mort, produit de l?insatisfaction qui touche l?homme moderne; insatisfaction qui l?empêche de voir la réalité et de vivre en accord avec la nature car il se croit désigné pour faire des choses bien supérieures. Mais Madame Bovary c?est avant tout l?expérience du langage. Flaubert était convaincu que seule la forme pouvait donner au roman une valeur d?éternité, il était convaincu que l?objectif de l?art était avant tout, la beauté. «Plus l?expression est proche de la pensée, plus le mot s?y fond jusqu?à disparaître, et plus la beauté est atteinte» (lettre de Flaubert à Louise Colet, le 16 janvier 1852) et plus tard, il ajoute «C?est pour cela qu?il n?y a d?arguments ni beaux ni méprisables, et que l?on pourrait même l?établir comme axiome, si on regarde du point de vue de l?art pur, qu?il n?y a plus d?arguments, que seul le style constitue une manière de voir les choses». Flaubert a envoyé le manuscrit de Madame Bovary à son ami Maxime du Camp le 31 mai 1856 pour le faire paraître dans la Revue de Paris dont il était le directeur. La publication s?est faite morceau par morceau en six numéros à partir d?octobre passant par divers avatars vu que Du Camp qui craignait la réaction du public demanda à Flaubert de supprimer des passages, comme la scène de la voiture où Léon séduit Emma. Flaubert insistait sur le fait que ce qui était important était la vision globale de l??uvre, qui en rien ne pouvait offenser la morale. Il résista au maximum à ces mutilations mais au final il du s?y résoudre. Flaubert et deux responsables de la publication se sont confrontés en un procès. La défense s?est concentrée à montrer qu?une vision fragmentaire de l??uvre lui enlevait une partie de son message et qu?il fallait en avoir une vue d?ensemble. Le procès eut lieu au début du mois de février 1858 et il eut une telle résonance qu?il ne fit qu?augmenter le succès du livre, chose qui ne réjouit pas Flaubert car il pensait que ces lecteurs lisaient l??uvre que pour y trouver ces fragments subversifs dont parlaient ces accusateurs. Il ne reçut qu?une simple réprimande. GustaveFlaubert (1821-1880) a dit au sujet de Madame Bovary; « Ce qui est naturel en moi, l?est pour d?autres personnes? ce qui est extraordinaire, fantastique, la vocifération philosophique, mythologique. Madame Bovary a été pour moi une échappatoire. Je n?ai ressenti que du plaisir en l?écrivant, et les dix huit mois que j?ai passé sur ces cinq cent pages ont été pour moi les plus voluptueux de ma vie» Flaubert ferait passer le rêveur romantique comme un fantasque alors qu?il réservait une vision crue de la réalité pour ses chroniques. A la différence des romantiques il a refusé le manque d?attention à la vérité et il a cherché avec un effort amoureux les renseignements et les documents qui la soutenaient. C?est ainsi qu?il le décrivait à Caroline Commanville, qui resta à ses côtés jusque sa mort «Il était toujours d?humeur joviale, avec quelques accès de blague et plaisanterie, mais au fond de lui-même sa nature était la tristesse, une inquiétude permanente (?) Son physique était robuste, fait pour profiter de toutes les satisfactions de la vie mais son âme tendait vers un idéal impossible qu?il ne trouvait en rien».

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