Biographie D'émile Nelligan
(Digression)
Émile Nelligan est né le 24 décembre 1879 à Montréal, fils de David Nelligan et Émilie Amanda Hudon. Il avait deux s?urs cadettes, Béatrice Éva et Gertrude Freda. Il commença son cours primaire à l?Académie de l?archevêché. Dès son jeune âge, Nelligan a une façon bien pessimiste de voir la vie. Son support paternel ne facilitait pas sa vision de l?existence : son père lui reprochait sans arrêt de trop rêver. Ses relations avec son père se trouvaient loin d?être chaleureuses. On peut dire qu?Émile l?a cherché : c?était un garçon indiscipliné, incapable de faire des efforts soutenus et ses résultats s?avéraient désastreux à l?opposé de son père, un important irlandais qui décrocha par chance un poste comme inspecteur adjoint des postes. D?après M. Nelligan, la faute revenait entièrement à sa femme : elle surprotégeait Émile. Depuis qu?Émile était tout petit, elle le gardait près d?elle, lui qui détestait l?école, car ses professeurs ne le comprenaient pas et le jetaient dans des états qui bouleversaient sa mère. D?ailleurs, Nelligan a étudié deux ans au Mont Saint-Louis, deux autres au Collège de Montréal. Sans succès. Il n?avait plus envie de partager son temps avec des enfants qui, jugeait-il, ne comprenait rien à ses aspirations. Il se consacra alors entièrement à la poésie, passion qui apparu au Mont-Saint-Louis, à l?âge de treize ans, lors de la lecture d?un poème enflammée par la beauté de sa voix. Dès lors, sa mère lui donna toutes les occasions de manifester son talent. Dans ses temps libres, il buvait dans les cafés avec son meilleur ami Arthur de Bussières et Charles Gill. Le 21 août 1895, date que le poète n?oublia jamais, sur un sentier du mont Royal, il rencontra une jeune fille, Ilse, dont il avait jadis rêvé. Durant plusieurs jours ils se rencontrèrent au même endroit jusqu?à leur dernière soirée, le 28 septembre où, pris par l?orage, ils se cachèrent pour passer son seul moment réel d?intimité avec une femme. Les jours suivants elle ne se présenta plus au rendez-vous, puis lors d?une visite à la chapelle, Émile découvrit le corps de Ilse dans un cercueil : le froid l?avait emportée. Il connut une réclusion de plusieurs semaines vivant dans sa douleur intense. Ensuite, Émile se coupa d?amitié avec la femme qui était son passeport vers la gloire, Françoise Robertine Barry. C?est elle qui publiait les poèmes de Nelligan dans La Patrie. La rupture était donc une catastrophe. Mais il trouva un second secours, le père Eugène Seers, critique, poète et romancier qui entreprit la composition du recueil Émile Nelligan et son ?uvre, en 1903. Finalement, il atteignit la gloire avec sa plus belle interprétation. Après plusieurs apparitions d?Émile aux soirées publiques de l?École littéraire de Montréal qui se conclurent très décevantes pour lui, la quatrième séance du 26 mai 1899 fit de lui un grand poète. Grâce au père Seers, il récita La romance du vin, Le talisman et Rêve d?artiste. Plus le moment de sa lecture approchait, plus la hargne et la haine de ses expériences précédentes à cet événement le possédaient. C?était donc dans un état second, furieux et désespéré qu?il livra La romance du vin. Ce fut un succès garanti, la foule était en délire. Mais à l?intérieur d?Émile s?était tout autre chose : il tomba dans un vide immense se répétant sans cesse la phrase suivante : « Au delà du grand tumulte, du rire et des paroles humaines, il n?y a rien, il y a que le vide, l?immense vide sidéral des places des espaces interstellaires et le sentiment désespérant que toute parole est vaine et qu?il ne sert à rien de vouloir composer des poèmes. » Ce petit moment avait fait de lui un demi-dieu si bien que plusieurs avaient affirmé qu?il était le plus grand poète que le Canada eut produit. Tout cela le laissait maintenant indifférent. Voulant terminer à tout prix son recueil, Le récital des anges, à l?age de vingt et un an, il tomba dans un état de dégénérescence mentale et une folie polymorphe. Lorsqu?il fut interné, il avait cessait d?écrire. Il passa plus de quarante ans en institution psychiatrique, à Saint-Benoît-Joseph-Labre puis à l?hôpital Saint-Jean-De-Dieu. Il s?était laissé emporter par la folie prétendant que la poésie l?avait fui et l?idée de devoir travailler l?épuisait. La musique de Chopin de Ignace Paderewski lui était particulièrement chère. Il fut d?ailleurs inspiré par des poètes symbolistes tels que Verlaine, Baudelaire, Rollinat, Rodenbach et Edgar Poe. L??uvre d?Émile Nelligan compte 170 poèmes, sonnets, rondeaux, chansons et poèmes en prose. Le plus surprenant est qu?il les a composé entre 16 et 19 ans. Plusieurs ?uvres ont été traduites en anglais et ont été sujet de films, colloques, romans, poèmes et même ballet et opéra. On mit d?ailleurs sur pied la fondation Émile-Nelligan qui en 1979 créa le prix Émile-Nelligan pour les jeunes poètes. Émile Nelligan était un jeune garçon au c?ur prématurément meurtri et à la sensibilité exacerbée dont ses poèmes en sont empreints avec un symbolisme puissant des mots et une remarquable mélodie de la langue. Mais c?est particulièrement le contenu de son existence qui rendait ses poèmes vivants. Il s?accablait constamment sur son sort et détestait la vie. C?est d?ailleurs sûrement toute son angoisse et sa douleur qui l?amena dans cet état de délire. Malgré cette défaillance, il demeure un excellent poète québécois.
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