L !a Mer Du Japon
(jean-françois joubert)
La
lune recouvrait la terre de sa lueur douce, des hommes préparaient
leur navire, bougeant des caisses, maniant du bout, évitant
que le pont en haute mer ne devienne un piège. Quatre hommes
en cirées allaient affronter les richesses de l'Océan,
les requins, les baleines et autres dauphins. Les muscles saillants,
le regard étroit et sec, ses hommes partaient travailler, sans
état d'âme particulier pour l'espèce de la bête
traquée. Bien sûr, ils savaient que les dinosaures
avaient quitté la terre, disparus, effacés, mais ses
animaux arrogants qui arrosées la planète du faisceau
de leur ombre avaient succombé pour d'autres motifs que pour
des excédents de quotas de pêche, alors pourquoi se
priver ?
Le
moteur grondait, les harpons sommeillaient, les amarres furent jetées
à l'eau, la nuit et son toit d'étoiles éclairait
ses quatre hommes dans leur rencontre avec le destin. La mer était
belle ce matin-là. Une petite houle soulevée tour à
tour la poupe et la proue du bateau, le radar ne montrait pas
d'obstacle, les pêcheurs traçaient la route vers leur
lieu de pêche, le danger semblait loin. La météo
était particulière ce matin, particulièrement
bonne.
L'étrave
qui casse les vagues n'étaient plus que du détail pour
ses tristes gaillards endurcit par le labeur de leur quotidien, la
mort était leur fond de commerce, le sang allait giclé
sur le pont, les tripes, l'odeur de cette chaire, les yeux qui se
ferment, tout ce vacarme afin d?alimenter les palais de quelques
fins connaisseurs, des hommes qui avaient décidé qu'une
soupe sans ailerons ne devrait pas exister.
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