Resumo de Gury Danse

Solitude et paranoïa en Cévennes ou le mythe de Gury en vingt courriels."J'ai peur, peur, peur... de me faire avoir, méfiance méfiance"... C'est l'obsession de Gury, vieil instituteur replié dans ses montagnes, poète pourtant. Il n'est ni beau, riche, ou exceptionnellement talentueux et ne possède aucun entregent -redoutant l'autre, il se rencogne toujours- et le sait, le déplore et, modestement, tente de le pallier... mais son obsession l'handicape. -Cercle vicieux.- "On" lui en veut, ou "on" en veut à quelque minime avantage... Cocasse et pathétique à la fois. Un massicot qu'il vient d'acquérir, une fourgonette... cela suscite convoitise et acrimonie! Que les envieux soient mieux lotis ne change en rien sa position. "Ils" sont jaloux, toujours... Touchant et odieux, naïf et retors, il vogue dans une existence minima. Banal ? Non. Car cette propension le fonde paradoxalement à se faire exploiter ! Si bien qu'il n'a pas tout à fait tort lorsqu'il s'en plaint. Seul donc vulnérable -parce qu'il ne sait pas plus demander qu'offrir- il doit avoir recours dans la vie quotidienne à toutes sortes de "gens" qu'il paye au prix fort... L'essai prend la forme de courriels adressés à Gury que Viridiana ne connaît pas -au début, elle pense même avoir affaire à un autre, un beau gars qui était assis à ses côtés lors de la soirée où ils se sont rencontrés- ... Le personnage l'exaspère et l'émeut et elle découvre à la fin, sans réelle surprise, son allure sur une photo de son site. C'est un vieux paysan typique, rabougri et amène, souriant et disert. Une image qui, si elle l'avait pressentie au départ, lui aurait parlé immédiatement, mieux que ses courriels. L'habit fait le moine ? En un sens. Nous construisons aussi notre apparence. Viridiana, petit à petit, se rend compte de sa méprise. Il ne "parlait" pas juste. Elle ne le "voyait" pas ainsi... et elle avait raison. C'est Cyrano de Bergerac à l'envers, en somme. Internet offre cet immense avantage: l'absence de vision directe qui permet in situ des réflexions duelles absolument révélatrices et stupéfiantes, la distance permettant l'expression intime, et l'écriture -qui requiert un temps minimun pour rédiger une réplique- favorisant encore l'accession fixée, en "direct-différé", à la profondeur de l'être. Magie d'internet: ni trop, ni trop peu, c'est la distance idéale. Une distance qui conduit -et cela aussi est intéressant- à des méprises radicales. Viridiana, parlant à Gury comme s'il était Gérard, a ainsi pénétré malgré elle dans un espace intime qui lui était interdit. La vision directe l'aurait amenée à comprendre l'interdit, à une réserve de bon aloi... voire à ne jamais lier conversation avec Gury. Les règles de la socialité traditionnelle, assouplies voire modifiées par la technique, ont permis le dialogue entre deux êtres dissemblables -et semblables à la fois- qui n'auraient jamais frayé sans cela.Avec un brio époutouflant, Gury transforme tout ce qui lui est dit en fonction de son principe de base paranoïde, manifestant tout au long de ses courriels un talent qui, s'il était exploité, en ferait un romancier remarquable. Viridiana ne parvient pas -ou très peu, après des répliques assez dures qu'elle n'aurait pas osées face à face- à faire sortir du personnage l'humanité fluide et honnête indispendable à toute relation normale. Gury retombe toujours sur ses pattes et la rupture est à chaqu'instant au bout d'un courriel, qu'il conclut souvent par un "mais je n'ai pas de rancune" tout à fait inadéquat. De sa réserve paranoïaque, il arrive qu'il se plaigne lui-même, et, avec un mélange d'orgueil et d'humilité qui lui est propre, qu'il reconnaisse sa solitude, la déplore et affiche d'un même mouvement, avec une sorte d'héroïsme pathétique, l'indifférence qu'elle suscite en lui -alors que l'inverse sourd de tous ses propos.- Mais pourquoi Viridiana poursuit-elle une relation qui l'agace tant? Parce qu'elle a "besoin du besoin" de l'aussi parce que Gury lui semble un sujet d'étude idéal: il est ce qu'elle était autrefois, ce à quoi elle a échappé, et il la conforte dans son être présent. La relation entre eux n'est pas celle que l'on aurait pu croire: des deux, c'est Viridiana qui tire son épingle du jeu mieux que Gary. Elle le lui dit, l'avoue: elle se sert de lui puisqu'elle compte écrire un essai sur son cas. Mais cela, il ne l'entend pas. Lui qui redoute tant d'être exploité, lorsqu'il l'est pour de bon, ne le perçoit pas et semble même s'en satisfaire. Il lui proposera de devenir sa théapeuthe, ce qu'elle refusera. Une histoire étonnante. Pas si simple qu'elle en a l'air, même si elle est drôle souvent...

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