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Danger De Mort
(Philippe Govart)

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Pour sa part, Sauveur Santucci n'avait pas posé de congés pendant la période estivale. Trop chaud, trop cher, trop de monde. Il préférait partir en octobre ou en novembre, là où vivèrent ses ancêtres, sur l'Ile de Beauté. Assis à son imposant bureau de schiste qui lui conférait une indéniable autorité, il se voyait déjà dans six semaines en train de deviser avec ses cousins éloignés, Camille et Dominique, autour de deux ou trois Dami à l'heure de l'apéritif, à la terrasse d'U Tragulinu. Comme d'habitude, ce serait un festival de non-dits et de considérations anti-parisiennes. Que du bonheur.

Il grignoterait un peu de charcuterie corse et un bout de Brocciu. Et il irait déposer son chevalet dans le port de Bastia pour assouvir son unique passion. Il n'avait aucun talent de peintre mais il s'en fichait éperdument. Ce qui compte dans la pratique de la peinture, comme dans celle de la cuisine, c'est de prendre du plaisir en s'y adonnant. Son style hésitant se situait quelque part entre l'impressionnisme et la figuration libre, en utilisant toujours un maximum de couleurs différentes. Parfois, un touriste ou un badaud, adoptant une expression d'amateur averti, s'approchait de lui pour apprécier son travail d'artiste. Les arrêts de ses clients potentiels étaient toujours très brefs ; de l'ordre de la milliseconde. La vision des toiles bariolées avec ardeur par Santucci ne semblait pas correspondre à leurs canons de beauté, et ce n'était pas plus mal. Une fois le tableau terminé et séché, il enlevait précautionneusement les petits clous de tapissier qui fixaient la toile au cadre, enroulait l'?uvre sur elle-même et la rangeait dans une antique armoire exclusivement réservée à cet entreposage. A présent, elle devait contenir près de trois cents croûtes qu'il n'avait jamais montrées à personne. Il avait d'ailleurs renforcé le verrou du meuble et y avait apposé un autocollant dissuasif sur lequel était inscrit « Danger de Mort » en dessous du symbole bien connu des corsaires d'antan.

Ca faisait maintenant une heure qu'il se balançait dans son fauteuil de haut fonctionnaire, se tâtant, s'interrogeant, se creusant pour scénariser la façon dont il allait annoncer la nouvelle à Fontaine. Assez de tergiversation ! Il décida de l'appeler en choisissant de se montrer franc et direct, ce qui était la meilleure méthode pour ne pas contrarier son ancien collaborateur.
- Bonjour, Fontaine, dit il sobrement en ouverture
- Chef ! Quel bon vent vous amène ? Je vous manque déjà ? Vous avez besoin de mes services ? (Taiseux par hérédité, Santucci attendait sagement qu'il en ait fini pour en placer une.) Je peux me rendre disponible dès demain matin si vous le désirez, je me ferai un plaisir de réintégrer votre équipe. Je dois avouer que je ne suis pas fait pour l'inactivité. La retraite m'ennuie, vous savez. Je serais même prêt à accepter une révision de mes émoluments.
- Ce n'est pas l'objet de mon appel, Fontaine.
- Ah, lui répondit Alexandre, très certainement déçu de ne pas voir exaucer son souhait de come-back.
- Pour en revenir à votre question initiale, c'est plutôt un mauvais vent qui m'amène. (Alexandre gardait le silence.) Le petit a voulu jouer les cow-boys et il s'est pris une balle.
- Vous voulez dire que... hoqueta Fontaine, sous le coup de l'émotion.
- Non, rassurez vous, ses jours ne sont pas en danger. Le projectile n'a pas touché d'organes vitaux, il s'est logé sous son épaule. Les chirurgiens se sont occupés de lui avec maestria. Il devrait être visible dès demain, à la Pitié-Salpêtrière.
- A Paris ? Qu'est-ce qu'il a été foutre là-bas, cet imbécile ?- Je ne connais pas la raison qui a poussé David à se rendre à la CNDS car il n'a pas encore eu l'occasion de me l'expliquer ; mais croyez bien que je vais lui exiger un rapport détaillé dès qu'il sera rétabli.
- La Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité, relança Alexandre.
- C'est de là où il a eu la présence d'espla bastos et juste avant de s'évanouir.
- Qui a tenté de le dessouder ? Et pourquoi ?
- Restons calmes, Fontaine, ne vous prenez pas non plus pour un justicier. L'agresseur est un type important dans l'organigramme de la commission, il s'appelle Barnabé Paillasson.
- Quel nom à la mord moi le n?ud !
- C'est bien pourquoi, dans les milieux autorisés, il a choisi une autre identité. A la seconde où la communication fut rompue avec David, j'exhortai la BRB pour qu'ils stoppent l'individu ou tout au moins qu'ils investissent son domicile pour l'empêcher de détruire d'éventuelles pièces à conviction.
- Une autre identité, m'avez-vous dit ?
- En fouillant son bureau, nous n'avons rien trouvé de bien probant. En revanche, son appartement était truffé de preuves accablantes à propos de son activé alternative, celle qui nous émeut, le négoce de chair africaine relayé par un Darknet autonome. Dois je vous préciser qui est celui qui a tiré sur votre protégé ?
- Est-ce que les gros bras de la BRB ont réussi à le serrer ?
- Non. Je vais m'en occuper personnellement. Et rapidement. Dernière chose, promettez moi de ne rien tenter de votre propre chef.
- Vous avez ma parole de scout, lui répondit Alexandre, en pensant « Si tu ne le chopes pas dans la semaine qui vient, tu peux toujours te brosser pour que je reste là à me tourner les pouces. »



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