Les Diaboliques
(BARBEY D'AUREVILLY Jules-Amédée)
L'horreur, comme le désir, ne se laissent jamais voir, mais s'avance toujours masqué derrière l'innocence. L'auteur nous le démontre en six nouvelles.
La fascination du mal
Jules-Amédée Barbey d'Aurevilly est un nostalgique. Né huit ans après son siècle, il a vu s'effondre un à un les derniers vestiges de l'ordre monarchique. Ses ouvrages, Le Chevalier Destouches, l'Ensorcelée ou encore son recueil de nouvelles Les Diaboliques, rendant hommage aux derniers aristocrates, à ceux qu'il nomme les vieux beaux de l'Ancien Régime.
Mais derrière cette nostalgie se cache aussi une fascination pour le maléfique, d'autant que celui-ci émane justement de cette Noblesse disparue et tant regrettée. Le mal, le vrai, dit Barbey, est aristocratique. C'est ce que les six nouvelles des Diaboliques, publiées en 1874, tendent à montrer.
Tout commence, chaque fois, par une badine conversation mondaine. Dans une diligence, sur un banc public, dans un salon à la mode, à un banquet d'amis, l'auteur rencontre des hommes de qualité, un malicieux docteur, des comtesses un peu bavardes?et les fait parler. Une seule règle dirige les six nouvelles, les six "causeries" qui fait que plus le début est tranquille, enjoué, inoffensif, plus frémissante et plus diabolique est la fin. Ainsi Le Rideau cramoisi est la nouvelle la plus violente ; Le Plus bel amour de Don Juan, la plus raffinée ; Le Bonheur dans le crime, la plus provocante ; A un dîner d'athées, la plus épique ; La vengeance d'une femme la plus impitoyable. Mais la palme d'or revient incontestablement à Dessous de cartes d'une partie de whist. Un grand whister écossais Marmor de Karkoël, établi pour quelques années dans la très aristocratique et très somnolente ville de Valognes, laisse en partant un désordre complet : une mère et une fille qui s'entredéchirent, un enchaînement de morts mystérieuses, et surtout, l'affreuse découverte des?restes d'un inavouable secret.
A lire par tous ceux qui croient encore que l'horreur est affaire de gens raffinés.
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