Histoire De La Magie Extrait
(GARINET)
Frédégonde et les sorciers. En 578, Frédégonde perdit un de ses fils , qui mourut de la dyssenterie. Les courtisans, pour faire leur cour à la reine, accusèrent le général Mummol, qu'elle haïssait, de l'avoir fait périr par des charmes et des maléfices. Cet officier avait eu l'imprudence de dire à quelques personnes qu'il connaissait une herbe d'une efficacité absolue contre la dyssenterie. Il n'en fallut pas davantage pour qu'il fût soupçonné d'être sorcier. La reine fit arrêter plusieurs femmes de Paris, qui confessèrent au milieu des tortures qu'elles étaient sorcières, qu'elles avaient tué plusieurs personnes, que Mummol devait périr, et que le prince avait été sacrifié pour sauver Mummol. On redoubla alors leurs tourments ; les unes furent brûlées, d'autres noyées ; quelques-unes expirèrent sur la roue. Après ces exécutions, Frédégonde partit pour Compiègne, et accusa Mummol auprès du roi . Ce prince le fit venir ; on lui lia les mains derrière le dos, on le pendit à une poutre, après quoi on se mit à le juger. On lui demanda quels maléfices il avait employés pour tuer le prince. Il ne voulut rien avouer de ce qu'avaient déposé les sorcières, mais il convint qu'il avait souvent charmé des onguents et des breuvages, pour gagner la faveur du roi et de la reine. Quand il fut retiré de la torture, il appela un sergent, et lui commanda d'aller dire au roi qu'il n'avait éprouvé aucun mal. Chilpéric, entendant ce rapport, s'écria : Il faut vraiment qu'il soit sorcier, pour n'avoir pas souffert de la question !... En même temps il fit reprendre Mummol ; on l'appliqua de nouveau à la torture ; on le déchira de verges à triples courroies, on lui ficha des pieux sous les ongles des pieds et des mains ; et, quand on se préparait à lui trancher la tête, la reine lui fit grâce de la vie, se contentant de prendre tous ses biens. On le plaça sur une charrette qui devait le conduire à Bordeaux, où il était né ; mais il ne devait point y mourir : tout son sang se perdit pendant la route, et il expira d'épuisement et de douleur. On brûla tout ce qui avait appartenu au jeune prince, autant à cause des tristes souvenirs qui s'y attachaient, que pour anéantir tout ce qui portait avec soi l'idée du sortilége . Pendant que ceci se passait à la cour, un paysan d'Auvergne fut griffé par les diables. Ils avouèrent qu'ils l'auraient noyé s'ils avaient pu. Heureusement pour ce paysan, il avait mangé du pain bénit . Dans les deux années suivantes, la nature souffrit des dérangemens extraordinaires ; plusieurs fleuves se débordèrent, et firent d'énormes ravages ; on vit les arbres refleurir en automne ; il parut une comète dans la Touraine ; on y entendit des bruits effrayans, sans en connaître la cause ; Bordeaux fut ébranlé par un tremblement de terre, et tous les habitans se crurent engloutis ; Orléans fut consumé par le feu du ciel, et des brigands ravirent ce que les flammes avaient épargné. À Chartres, du sang pur avait coulé, disait-on, de quelques pains qu'on avait rompus. La peste fut la suite de tous ces fléaux : la dyssenterie devint épidémique ; elle était accompagnée de fièvres, de vomissemens, et de plusieurs circonstances qui la rendent assez semblable à la petite vérole. Chilpéric tomba dangereusement malade ; et il n'était que convalescent quand les deux autres fils qu'il avait eus de Frédégonde furent emportés par la dyssenterie. Leur mort causa à la reine une douleur inconcevable ; les intérêts du sang à part, elle ne pouvait voir froidement cette triple perte. Elle se trouvait désormais sans appui ; si son mari venait à mourir, elle avait mille ennemis à redouter, et ses barbaries lui avaient fait peu d'amis sur qui elle pût compter. Il ne restait à Chilpéric qu'un fils de sa première femme. Il se nommait Clovis, et comptait environ vingt-cinq ans. Ce jeune prince, que la mort de ses frères rendait l'unique héritier du trône de France, fut assez indiscret pour s'expliquer squ'il regardait comme son ennemie. La reine, qui n'avait déjà que trop d'inquiétudes sur l'avenir, résolut de s'en débarrasser.
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