Resumo de La Tapisserie De Fionavar

Après la guerre, on l?enchaîna sous la Montagne. Afin d?être prévenu s?il tentait de s?échapper, on façonna par art et par magie les cinq pierres de garde, la dernière création de Ginsérat, et la plus précieuse. L?une des pierres traversa la rivière Saeren pour aller dans le Sud, au Cathal, une autre alla en Eridu par delà les montagnes, une autre encore fut confiée à Révor des Dalrei, dans la Plaine.
La quatrième pierre fut acceptée en partage, mais avec grande amertume, par les survivants brisés des Lios Aphar. De ceux qui étaient venus guerroyer avec Ra-Termaine, à peine un quart s?en retourna au pays Obscur après les pourparlers au pied de la Montagne.
Ils emportaient la pierre et le corps de leur roi ? eux auxquels les Ténèbres portaient la plus grande haine, car leur nom signifiait Lumière.

De ce jour, peu d?humains purent se vanter d?avoir vu les Lios, sinon peut être en ombres fugitives à l?orée d?un bois, lorsque le crépuscule surprenait un fermier ou un charretier sur le chemin de sa demeure. Pendant un certain temps, on dit parmi les gens du peuple que tous les sept ans un messager empruntait des chemins secrets et venait s?entretenir avec le très haut roi à Paras Derval, mais après le passage des années ces rumeurs s?estompèrent, comme toutes les rumeurs, dans la brume d?une histoire à demi oubliée.

L?ouragan des années emporta des âges et des âges. Partout ailleurs que dans les lieux de savoir, Conary lui-même n?était plus qu?un nom, comme Ra-Termaine. Oubliée aussi, la chevauchée de Révor à travers le Daniloh lors de la nuit au crépuscule écarlate. Devenue chanson pour les nuits d?ivrognes dans les tavernes, elle n?était ni plus vraie, ni plus fausse que les autres chansons à boire, et ni plus ni moins encourageante.

Car il y avait d?autres faits à chanter, des héros plus jeunes à regarder parader dans les rues des cités et les corridors des palais, et aux noms de qui lever son verre auprès de la cheminée, dans les tavernes et les villages. Des alliances se faisaient et se défaisaient, on déclenchait de nouvelles guerres pour panser d?anciennes blessures, des triomphes éclatants consolaient des défaites passées, les très hauts rois se succédaient, parfois par droit de naissance, parfois par droit d?épée. Et pendant tout ce temps, pendant les petites guerres comme pendant les grandes, sous l?égide de chefs puissants comme de chefs timides, pendant les longues et vertes années de paix, quand les routes étaient sures et les moissons abondantes, pendant tout ce temps, la Montagne sommeillait ? car les rituels entourant les pierres de garde étaient préservés alors même que tout se transformait. On surveillait les pierres, on entretenait les feux naals, et jamais les pierres de Ginserat ne changèrent de couleur, jamais ne résonna la terrible nouvelle qu?elles avaient viré du bleu à l?écarlate.

Et sous la grande montagne, le Mont Rangat aux épaules de nuages, dans le Nord ravagé par les tempêtes, une silhouette se tordait dans ses chaînes, un être rongé par la haine et poussé au bord de la folie, mais qui savait trop bien que les pierres donneraient l?alarme s?il déployait ses pouvoirs pour se libérer.

Mais il pouvait attendre ; il était hors du temps, inaccessible à la mort. Il pouvait ruminer sa revanche future et ses souvenirs ? car il se rappelait tout. Il pouvait tourner et retourner dans son esprit le nom de ses ennemis, tout comme il avait joué avec ses mains griffues avec le collier ensanglanté de Ra-Termaine. Attendre tandis que les cycles humains tournaient comme la roue des étoiles, tandis que le fardeau des années transformait les constellations elles-mêmes.

Viendrait un temps où la surveillance se relâcherait, où l?un des cinq gardiens manquerait à son devoir. Alors dans le plus sombre secret, il pourrait utiliser sa force pour mander de l?aide, et un jour viendrait où Rakoth Maugrim serait libre à nouveau en Fionavar.

Et sous le soleil et les étoiles du premier des mondes, un millier d?annéées passèrent?

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