Resumo de Thérèse Raquin

Ce livre est surprenant de sensualité, surtout en songeant qu?il a été publié en 1857. En son temps on l?accuse d?avoir trop fait parler les corps, il rétorque que son but est d?étudier des tempéraments et non des caractères.
L?histoire commence dans une rue coupe-gorge éclairée par trois pauvres becs de gaz qui jettent une lueur pâlotte sur les pavés disjoints du passage Pont-Neuf qui relie la rue de Seine à la rue Mazarine. Les passants, frileux, marchent vite au milieu de la chaussée, craignant l?ombre, la souillure des murs crasseux, les mauvaises rencontres. Les boutiquiers, installés le long de la rue, guettent le chaland, derrière leur caisse mal éclairée par la flamme vacillante des bougies. Il y a un bouquiniste, une marchande de jouets, un cartonnier. En face, se dresse une mercerie, du nom de la nouvelle propriétaire, Thérèse Raquin, dont l?enseigne brille en lettres rouges sur la porte. Laines, rubans, bonnets blancs, objets ternes et fanées s?entassent sur un vieux comptoir, derrière lequel, tous les soirs, deux femmes sont assises : l?une est plutôt jeune, avec un visage long et grave. Elle se prénomme Thérèse ; l?autre, plus âgée, sommeille sous le regard placide d?un gros chat tigré accroupi sur un bord du comptoir. Un troisième personnage est assis dans un fauteuil, un journal déplié et tenant un peu de conversation. Il est petit, malingre, les cheveux blond fade et la barbe rare. C?est Camille Raquin, le fils de la vieille femme et le mari de Thérèse.
Leur vie est réglée comme du papier à musique. Dès dix heures du soir, ils ferment la boutique et toute la famille regagne le logement du dessus, un petit trois pièces auquel on accède par un escalier intérieur. Camille a épousé Thérèse, sa cousine orpheline qui a grandi à ses côtés. Point d?amour dans ce couple disparate, une vie morne qui s?écoule en gestes quotidiens, indifférents.
Thérèse s?ennuie? Jusqu?au jour où Camille introduit Laurent dans le cercle familial : Laurent est grand, large d?épaules, ses lèvres sont pleines et ses mains brutales ; son regard enflamme Thérèse qui, sous des allures placides, bout d?une vie toujours restreinte. Elle cède très vite à ses assauts. La passion des deux amants, animale et ravageuse s?exaspère vite de la présence encombrante du mari. Thérèse veut Laurent tout à elle, la nuit, le jour. Son corps exige, l?attente devient insupportable et la solution se précise : ensemble, ils vont supprimer le gêneur? Mais pourront-ils ensuite supporter ensemble, les conséquences de leur crime ?
Le roman, dans sa deuxième édition, est précédé d?une préface importante dans laquelle Zola répond à ses détracteurs, l?ayant accusé de pornographie. Zola s?en défend en expliquant que les amours de ses deux héros sont le contentement d?un besoin ; le meurtre qu?ils commettent est une conséquence qu?ils acceptent comme les loups acceptent l?assassinat des moutons ; enfin, ce qu?il a été obligé d?appeler leurs remords, consiste en un simple désordre organique, en une rébellion du système nerveux tendu à se rompre. L?âme est parfaitement absente. Malgré ces considérations proprement cliniques, qui font de cette ?uvre le premier roman naturaliste, Thérèse Raquin est une véritable tragédie, tragédie du silence et du désir, tragédie du remords, tragédie de la vie et de la mort glacée. L?irruption de ces thèmes dans un milieu pareil, loin d?affaiblir l?action, la rend plus décapante encore. Thérèse Raquin, ou la banalité tragique.

Resumos Relacionados