Resumo de La Recherche De La Recherche

On ne peut imaginer une ?uvre plus longue, plus dense, plus foisonnante et parfois plus ennuyeuse qu? A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Et pourtant cette ?uvre, si on la (re)lit avec toute l?attention qu?elle demande et qu?elle mérite, on ne peut s?empêcher de la trouver passionnante. L?écriture du roman suit la pensée sinueuse et contorsionnée du narrateur, le jeune Marcel. La fameuse phrase proustienne nécessite de la part du lecteur un temps d?acclimatation, mais une fois qu?on a passé la rivière, il n?y a plus de retour en arrière : on se laisse emporter par cet univers tout en nuance, fait de souvenirs et d?échos, de reflets et d?impressions sensorielles. Ce qui frappe le plus à la relecture de l??uvre, c?est la forme architectonique qu?elle déploie. Les différentes couches se superposent et se mélangent à souhait, créant un flou impressionniste et donnant une forme évanescente à l?ensemble. Tout au long de ce roman-labyrinthe, on sent le temps qui s?écoule et qui ne revient pas. Les heures accordées au héros sont comme un sursis, même s?il semble en disposer par milliers : dès la première page, le compte à rebours est entamé. Mais malgré cela, même si le ton général du roman est celui d?une douce résignation et de l?évocation nostalgique, on ne sent pas trop la mort à l??uvre : c?est que l?Art (avec un grand A !) est omniprésent et qu?il transcende la vie des faits et des personnages en leur conférant une valeur plus universelle. Ce qui est étrange toutefois, c?est que Marcel, le héros du roman, ne semble pas touché par la main miraculeuse de l?Art : malgré ses nombreuses hésitations pour devenir un artiste, il semble condamné à disparaître sans laisser de trace, à mourir de sa belle et lente mort, empêtré qu?il est dans le tourbillon des passions et des journées perdues à fréquenter les salons mondains. Marcel n?est pas tendre envers ce monde-là, où seules parviennent à émerger de la médiocrité quelques figures d?exception (tels la Duchesse de Guermantes et le Baron Charlus), mais il n?est pas moins dur envers lui-même, ne s?épargnant nullement dans la condamnation du monde qu?il décrit. Que le narrateur soit un snob, que Marcel Proust lui-même soit un snob, je crois qu?il est permis de ne plus en douter. Mais son monde n?en est pas moins fascinant car il décrit un univers en voie de disparition, celui de l?aristocratie (encore bien présent au moment du récit) dans le Paris du début du Xxè siècle. C?est presque en ethnologue que le jeune Marcel, issu de la bourgeoisie aisée de Paris (son père était médecin), pénètre dans l?antre sacré de la gente aristocratique, un monde qui lui était totalement fermé et dont il n?avait pu que rêver jusqu?alors (notamment par l?entremise des noms et des titres). Et ce qui fait aussi la grandeur de ce roman, c?est son double mouvement de pendule inexorable, à la fois prospectif (le jeune Marcel qui fait son entrée dans le monde " adulte " et dans le monde tout court) et rétrospectif : le héros déconstruit pour nous ses souvenirs et ceux de toute une époque pour évoquer sa jeunesse et peindre un monde qui a pratiquement disparu, comme un continent quasi submergé dont on ne verrait, au loin, que la pointe isolée.

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