L' Iliade Chants Xi À Xxiv
(HOMÈRE)
Le poème ne raconte nil'origine ni l'issue du siège de Troie par les Achéens : il porte sur des faitsqui s'étalent sur une cinquantaine de jours en resserrant l'enjeu autour de lacolère d'Achille et la tournure des événements dès lors que Le héros reprendles armes pour venger son ami Patrocle (mort d'Hector, puis restitution de soncorps à Priam). L'écriture restepourtant marquée par la tradition des récitatifs des aèdes : les formulesfigées (l'Aurore aux doigts de rose), les scènes typiques (l'armementdu héros, l'outrage au cadavre) correspondent à ces repères qui permettaient àl'aède de tenir le fil de sa narration et à son public de le suivre. Le lecteurmoderne trouvera aussi bien répétitives les épithètes homériques rappelant lagénéalogie des héros, et négligera à tort leur importance. Ainsi l'écriture participe elle-même d'une redéfinition desvaleurs héroïques.La guerre épique nepeut se concevoir pour les Grecs sans les dieux, et il faut donc, pourcomprendre le sens de l'exploit héroïque, mesurer le rôle des dieux dansl'action ainsi que leur solidarité avec le destin. Qui sont les dieux d'Homère ? Il ne s'agit pas de dieuxtranscendants, extérieurs au monde : créés par des puissances primordiales, ilsne sont ni éternels, ni omniscients, ni omnipotents. Le conflit des Achéens etdes Troyens les divise en fonction de leurs affinités avec l'un ou l'autrecamp, et aussi en fonction de leurs rancunes : Athéna et Héra, par exemple, serangent logiquement contre le Troyen Pâris qui leur a préféré Aphrodite. Ainsile combat des hommes suit, dans sa ligne incertaine, l'évolution du différendqui oppose les dieux. L'assemblée des dieux paraît à cet instant comme unrécapitulatif des forces offertes aux hommes avant que le retour d'Achille nedonne un tour décisif à la bataille : Les interventions divines dans le combat des hommes révèlent cette présenceimmanente. L'intervention des dieux se manifeste aussi par les innombrablesdébats qui les opposent sur l'Olympe : ainsi les combats de l'Iliade nese décident pas entre des hommes qui calculent, combinent, prennent unerésolution et l'exécutent, mais entre des dieux qui s'occupent sans cesse deshommes et parviennent toujours à imposer leur volonté. Zeus n'agit jamais enjusticier ni en réparateur de torts. Pour les humains, l'action des dieux peutparaître absurde ou terrifiante. Bénéfiques ou maléfiques, hostiles oututélaires, ils incarnent le visage incontrôlable du destin. Le rapport des dieux au destin mérite d'ailleurs d'êtreprécisé. Le héros est ainsi le symbole de l?homme libre, c?est-à-direpleinement homme : celui qui triomphe de la mort et du destin autant que lepeut un mortel, non pas en les fuyant, ni non plus en les défiant d?une manièrepuérile, mais au contraire en en acceptant à la fois le risque et la nécessité.Mais ce privilège est aussi un fardeau et un danger : un fardeau, parce qu?ilest source d?angoisse et fonde une responsabilité; un danger, parce qu?il créel?illusion de l?invulnérabilité et de la toute-puissance, et donc la tentationde transgresser les lois de la phusis , de renverser le cours desfleuves, ? ubris, démesure fatale par laquelle les mortels, loin des?égaler aux dieux, tombent plus bas que l?homme, annulent leur différencespécifique, perdent leur liberté, se vouent eux-mêmes à l?esclavage, à labarbarie et à la bestialité. Ainsi Zeus voudrait sauver son fils Sarpédon, maisHéra le prévient du désaccord de tous les autres dieux.
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