Déplacement
(richard gehenot)
Les naufragés se réveillent sur un rivage d'une terre inconnue. Le brouillard enveloppe la plage. Le soleil ne perce pas cette barrière de coton blanc. Ils ne se souviennent pas comment ils sont parvenus au sec sur le sable fin. Ils n'ont pas de canot de débarquement. Ils sont trois armés de fusil automatique. Une terre immense, vierge à première vue de toute présence humaine. Pas de chemin indiquant une quelconque activité économique. Des centaines de mètres plus en avant dans les terres, ils découvrent un enchevêtrement de routes fait d'un matériau inconnu. Leur expansion tentaculaire se perd dans les nuages. Elles ne touchent pas le sol, la nature est préservée. Les premières portions se situent à quelques mètres au-dessus de leurs têtes. Nos explorateurs ne savent pas qui a érigé un pareil monument. La matière est inusable, indestructible aux armes qu'ont ces hommes. Nul ne sait qui peut l'avoir construit. Quelle est l'utilité de ce chef d'?uvre sans aucun véhicule circulant sur ces portions de bitume vitrifié ? Elles sillonnent l'horizon à l'infini, elles ne semblent pas avoir de destination précise. Le hasard semble régir leur cheminement. Les parcourir sans point de repère c'est ce perdre dans ce labyrinthe fantastique. Ils se sentent attirés par cette chose sombre. Robert pose son arme sans effet contre cette route. Il se sent déjà mieux. - Pourquoi sommes-nous ici tous les trois ? Je me nomme Robert, quelqu'un a-t-il un souvenir d'avant le naufrage ? Un des deux compagnons s'assoit. Il laisse son arme sur le sol. Il ne voit aucun animal autour de lui. Pas même des oiseaux ou des insectes. - Je m'appelle Pascal, le seul souvenir qui me reste est cette plage sur laquelle nous nous sommes réveillés. L'autre personnage recule de quelques pas. Il a peur, il regarde alternativement la route et ses compagnons. Son choix est difficile. - Je me souviens juste de mon nom, Philippe. Désolé de vous décevoir, je ne peux pas vous en dire plus. Je dois suivre mon destin sur cette route. Personne n'entravera mon chemin. Robert regarde Philippe, il sent qu'il ne leur a pas donné une explication vraisemblable. Il s'interroge. - Pourquoi ai-je l'impression que tu nous mens ? Serais-tu l'un des commanditaires nous ayants emprisonné sur cette île. Si nous sommes bien sur une île. Philippe recule encore, il enserre son arme. Robert regrette d'avoir insisté, il y a un risque. Leur question sur leur origine va peut-être prendre une fin tragique. Robert réagit le premier, il doit gagner du temps. - Lorsque je j'étais étendu sur le sol, je rêvais. Une locomotive crachait d'énormes volutes de fumée dans un ciel d'une pureté exceptionnelle. Ma dernière image est une gare. Personne d'autre ne rêvait avant de se réveiller ici ? Pascal se retourne, oublie Philippe serrant nerveusement son arme. - Vous allez rire, je me souviens d'une ferme isolée au milieu d'un immense plateau de verdure. Les oiseaux chantaient au milieu d'un grand espace. Ce n'est pas comme ici, malgré toute la verdure il n'y a pas d'oiseaux. Regardez ! Aucunes fleurs sur ce plateau herbeux. Nous sommes dans un climat propice à leur développement. Eau, chaleur, terre riche. Quel est donc ce mystère ? Robert se penche pour effleurer les végétaux environnent. - Ils sont bien réels pourtant, comment font-ils sans les fleurs ? Une détonation retentit, Robert et Pascal se couchent sur le sol. Philippe doit tirer sur eux. Ils se regardent mutuellement. Ils sont surpris de la bonne tournure des événements. Ni l'un, ni l'autre n'est blessé par un quelconque projectile. Philippe semble aussi surpris. Il lâche son arme, court vers la route proche. Une portion descend pour venir effleurer le sol sans le toucher. Elle semble vivante. Le pied droit de Pascal touche la matière vitrifiée. Le reste de son corps vibre, se disloque. Il disparaît happé par la route. Une ondulation se produit, s'éloigne rapidement. Elle semble emporter avec elle ascal sont effrayés par cet événement imprévu. Ils comprennent pourquoi toute vie animale semble absente. Cette route est un piège mortel pour celui osant poser les pieds dessus. Ils s'éloignent le plus loin possible de cette horreur. Des fougères retardent leur progression. Ils se blessent aux épines des arbres bas. Une descente abrupte se découvre sous une épaisseur d'herbes hautes. Ils glissent sur la pente d'une colline de cailloux. Robert et Pascal ont perdu leur arme dans leur fuite. Ils tombent dans un torrent d'eau sillonnant entre deux flans de montagne. Ils crient pour demander de l'aide. Personne ne semble exister dans cette contrée étrange. Ils luttent contre les flots. Une corde pend à quelques centimes au-dessus de l'eau. Ils saisissent cette opportunité pour échapper à cet enfer d'eau. Ils se hissent péniblement sur le morceau de berge aménager. Elle est de la même matière que la route. Robert pousse Pascal, il se souvient du tragique accident de Philippe. Une voix derrière eux leur parle pour les rassurer. - N'ayez pas peur, ce n'est pas la route noire. Ce matériau est similaire, vous ne craignez rien. Je suis Jean, le bien heureux, les gens m'appellent ainsi. Robert se relève, Pascal saute sur place. La matière lui fait horreur, il ne veut pas finir englouti. - Nous sommes perdus dans cette forêt. Pouvez-vous nous guider. Vous n'êtes pas le seul de votre espèce j'espère ?
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